À qui, ou à quoi, devrait-on imputer les insuccès des Maple Leafs?

Avant la rencontre d’hier contre les Golden Knights de Las Vegas, les Maple Leafs présentaient un dossier peu reluisant de 3-5-2 à leur dix derniers matchs avec une séquence de cinq défaites consécutives. De plus, depuis le début de saison, Toronto n’a récolté que 22 points avec un bilan de 9-10-4 en 23 rencontres, ce qui les place au 5e rang de la division Atlantique. Ce sont des statistiques bien en deçà des attentes pour une équipe regorgeant de joueurs talentueux dirigés par un entraîneur-chef de premier plan. Qui, ou qu’est-ce qui, est la raison de leurs insuccès?

Les responsables selon les partisans

1- Kyle Dubas

Pour plusieurs partisans, le directeur général est le responsable en raison des décisions qu’il a prises l’été dernier. Le 1er juillet, les Leafs ont obtenu, entre autres, Cody Ceci dans une transaction avec les Sénateurs. Celui-ci évolue sur la première paire de défenseurs ce qui ne plait pas aux plus fidèles d’entre eux. Ces derniers lui reprochent, en effet, ses trop nombreuses erreurs coûteuses tout comme son manque de vitesse de même que son manque de potentiel offensif qui sont deux éléments essentiels pour un arrière évoluant sur le Top-2. L’acquisition de Tyson Barrie, un défenseur reconnu pour sa vitesse et ses habiletés offensives, n’a malheureusement pas rapporté les dividendes escomptés et il ne semble pas s’être bien intégré à l’équipe étant insatisfait de son utilisation.


Les fans reprochent aussi au DG de ne pas avoir remplacé le joueur de caractère Nazem Kadri dont ils appréciaient le courage et la détermination. Une autre de ses acquisitions, Jason Spezza, présente aussi un rendement décevant.

2- Les joueurs

D’autres partisans sont insatisfaits du rendement de l’équipe depuis le début de saison et blâment les joueurs pour ce fait. L’équipe regorge, en effet, de nombreux joueurs talentueux, dont John Tavares et Auston Matthews, pour ne nommer que ceux-là, et, en théorie, ceux-ci devraient permettre à l’équipe d’être parmi les meilleurs. Il y a cependant un monde de différence entre le potentiel d’un club sur papier et son rendement sur la glace. Les partisans ne peuvent rien reprocher à Matthews avec ses 27 points en 23 matchs, en date du 18 novembre, cependant les fans considèrent que certains, comme leur capitaine (14 points en 16 matchs) pourraient en donner plus. Ils leurs reprochent aussi leur inconstance.

3- Les blessures

L’organisation n’a pas été épargnée par les blessures depuis le début de la saison dont une à Mitch Marner, leur jeune joueur vedette, qui est à l’écart du jeu depuis le 12 novembre en raison d’une entorse à la cheville droite (absence d’au moins 4 semaines). Actuellement, outre Marner, les Leafs sont aussi privés des services d’Alexander Kerfoot (fracture au visage), David Clarkson (dos), Nathan Horton ( maladie dégénérative au dos. Saison terminée) et Trevor Moore (épaule). On se souviendra aussi que l’équipe a dû composer, durant sept rencontres, avec l’absence de leur capitaine après que ce dernier ait subi une fracture à un doigt le 16 octobre contre Washington. Il est toujours difficile pour un club de connaître du succès lorsqu’il est privé d’éléments aussi importants que Marner et Tavares.

4- Mike Babcock

Il est très fréquent que, lorsqu’une équipe ne connaît pas le succès escompté, ce soit l’entraîneur-chef qui soit blâmé et qui, très souvent écope. Il est, en effet, beaucoup plus facile de congédier un homme que d’échanger 23 joueurs. Même s’il a remporté une Coupe Stanley (Red Wings de Détroit 2007-2008) et s’est amené à Toronto avec des statistiques impressionnantes, ce n’est pas suffisant pour l’assurer de ne pas subir le même sort que nombreux de ses semblables.

Babcock en est à la cinquième année du contrat de 8 ans (50 millions$) signé avec les Leafs. Avant son arrivée en 2015-2016, Toronto avait toujours été exclu des séries, sauf en 2013-2014, depuis 2005-2006. Depuis qu’il est en poste l’équipe a toujours participé aux séries sauf lors de sa première saison à la barre de l’équipe. Les partisans lui reprochent cependant l’élimination hâtive de leurs favoris qui n’ont jamais réussi à franchir la première ronde. Cette saison, la grogne des partisans n’a cessé d’augmenter. Ceux-ci critiquent ses stratégies particulièrement en ce qui a trait à sa manière d’utiliser ses super vedettes. Trop souvent, de l’avis des amateurs, il décide de garder sur le banc les Auston Matthews ou William Nylander au profit des joueurs du 4e trio ou des spécialistes de la défensive. Selon les partisans, Babcock est un entraîneur de la vieille école qui évolue dans une nouvelle ligue. Ceux-ci réclament donc son départ affirmant que ce dernier n’a pas su s’adapter à la nouvelle réalité du circuit Bettman.

Voici ce qu’il avait à dire quand il a été invité à commenter sur le fait que des partisans réclamaient son congédiement :


« Je vais continuer à faire mon travail du mieux que je peux aussi longtemps que je le pourrai. J’ai toujours parié sur Mike Babcock et je vais continuer à parier sur lui. »

Ce qui est surprenant dans ce commentaire est qu’il parle de lui en utilisant la troisième période. Ceci pourrait-il être la preuve que les rumeurs, voulant que Babcock ait un ego démesuré, aient un fond de vérité? Si c’est effectivement le cas, Babcock ne s’aide certainement pas en conservant une telle attitude. Davantage d’humilité pourrait probablement faire en sorte que l’équipe retrouve la voie du succès et lui les bonnes grâces des partisans et possiblement de ses joueurs aussi.

Les solutions :

1- Rencontrer Mike Babcock

Après la défaite de 6-1 samedi contre les Penguins, une cinquième défaite consécutive, John Tavares et Morgan Rielly ont sollicité un entretien avec leur entraîneur-chef. Celui-ci a déclaré que la rencontre avec l’un comme l’autre avait été bonne et qu’il appréciait que les deux joueurs soient venus à lui plutôt que l’inverse précisant l’énorme importance qu’avait son groupe de leaders.


2- Rencontre privée avec les joueurs seulement

Hier le groupe de leaders avait convoqué toute l’équipe à une rencontre privée sans qu’aucun membre du groupe d’entraîneurs ne soit présent. Le vétéran défenseur Jake Muzzin a déclaré à Terry Koshan du Toronto Sun qu’il s’était agi d’une discussion franche et ouverte afin d’obtenir une vision plus claire de ce qui devait être fait et d’élaborer un plan pour renouer avec la victoire. La victoire résout tout, a-t-il affirmé, et vous n’avez pas besoin d’effectuer de tels meetings.


Les joueurs n’auraient pas déclaré qu’un changement entraîneur-chef était ce dont l’équipe avait besoin, mais leurs actions semblent pointer dans ce sens.

3- Effectuer des transactions

Eric Francis de Sportsnet est d’avis que la solution des déboires des Leafs pourrait être d’effectuer une transaction. Une option serait d’envoyer Tyson Barrie aux Flames en échange de TJ Brodie. La condition de santé de ce dernier, qui est à l’écart du jeu après s’être écroulé en convulsions sur la patinoire lors d’un entraînement la semaine dernière, pourrait cependant faire achopper cette transaction.

Chris Johnston de Sportsnet suggère plutôt une transaction avec les Penguins afin d’amener à Toronto un gardien #2 si Kasimir Kaskisuo ne parvient pas à faire le travail, comme ce fut le cas avec Michael Hutchinson, plus tôt cette saison. Pittsburgh a deux bons gardiens pouvant servir d’auxiliaire à Matt Murray en la personne de Tristan Jarry et Casey DeSmith et l’organisation pourrait possiblement être intéressée à échanger l’un d’eux si l’offre est intéressante. Jarry serait le candidat idéal puisqu’il a 24 ans, mais surtout que son salaire ne compterait que pour 675 000$ sur la masse salariale, une excellente nouvelle pour les Leafs qui doivent jongler avec un cap salarial serré.

4- Congédier Mike Babcock et/ou Kyle Dubas

De l’avis de Bob McKenzie de TSN, l’organisation à partir de Brendan Shanahan jusqu’à Kyle Dubas, n’est pas prédisposée à congédier leur entraîneur-chef durant la saison et ce ne serait pas leur intention pour le moment. Il est cependant d’avis que le club ne peut continuer à offrir des performances comme celle de samedi dernier contre les Penguins. Quelque chose doit absolument être fait avant qu’il ne soit trop tard.

Pour le moment, les deux rencontres mentionnées ci-dessus n’ont pas eu les effets escomptés puisque les Leafs se sont à nouveau inclinés hier soir contre les Golden Knights par la marque de 4 à 2. L’équipe aura à nouveau l’opportunité de renouer avec le succès jeudi contre les Coyotes ou samedi contre l’Avalanche. Si l’équipe s’incline lors des deux matchs, continuant ainsi sa glissade au classement, Kyle Dubas pourrait alors n’avoir d’autre choix que de congédier Mike Babcock surtout si les joueurs ne se présentent pas démontrant ainsi que l’entraîneur-chef a perdu son vestiaire. Cette décision pourrait aussi être facilité par le fait que le DG n’aurait pas loin à aller pour trouver son successeur en la personne de Sheldon Keefe, l’actuel entraîneur-chef des Marlies de Toronto, leur club-école dans la LAH. Keefe a toujours fait parti des plans à long terme de Dubas, mais ce dernier pourrait devoir devancer ses plans afin de conserver son emploi. Le DG, en effet, fait aussi l’objet de critiques de la part des partisans et Brendan Shanahan, le président de l’équipe depuis 2014, pourrait être de le remplacer. Selon la rumeur, Dubas aurait voulu congédier Babcock l’été dernier, mais c’est Shanahan qui aurait alors insisté pour qu’il demeure en poste. Les récents déboires pourraient cependant inciter le président à reconsidérer sa position. Congédier l’entraîneur-chef permettrait peut-être alors à Kyle Dubas d’acheter du temps; il ne serait d’ailleurs pas le premier à le faire.

Le temps presse pour les Leafs et ils devront trouver rapidement une façon de gagner s’ils désirent qu’aucun changement majeur ne soit effectué au sein de l’organisation, cependant, est-ce vraiment ce que les joueurs désirent?

Crédit : Hockeyfeed.com