Ce soir, dans la tête de Carey...

Pour un cinquième duel cette saison, le Tricolore et les Sénateurs d'Ottawa croiseront à nouveau le fer et ce, dès 19 h en direct du Centre Bell.

Les hommes de Dennis Smith on eu l'avantage sur le Canadien en remportant trois des quatre précédentes rencontres.

La formation montréalaise tentera de renouer avec la victoire, elle qui a dû abdiquer lors de ses cinq derniers matchs. Le nouvel entraîneur-chef Dominique Ducharme, quant à lui, souhaitera son premier gain lors de son troisième départ derrière le banc.




Le pari de Ducharme

Assurément, lorsque l'entraîneur a divulgué sa formation pour le match face aux Sens suite à la pratique matinale, analystes et partisans avons été quelque peu surpris de constater que le coach avait désigné Carey Price pour protéger le filet du Bleu-Blanc-Rouge ce soir.

En effet, la plupart de nous étaient convaincus que Jake Allen serait de la rencontre pour un deuxième départ consécutif, laissant ainsi à Price le temps de prendre un peu de recul, lui qui connaît des moments difficiles depuis quelque temps.

Bref, l'entraîneur a fait son choix...

Souhaitons pour le Canadien et surtout pour Carey Price, que le pari du coach s'avèrera le bon, car sinon, ça va maugréer sur les réseaux sociaux après la partie et demain, puis probablement le surlendemain...


Ce soir, je me mets dans la tête de Carey...

Bien humblement, étant auteure de ces lignes, j'ai voulu, l'espace d'un instant, me mettre dans l'état d'esprit du vétéran de 33 ans qui devra faire face à l'adversité ce soir, sachant très bien qu'il doit ramener l'équipe à la victoire et que des millions de loupes le scruteront...

Et si j'accordais le premier but...

« Ce soir, nous jouons encore devant des estrades vides mes coéquipiers et moi. Nos familles ne seront pas présentes, ni nos amis. Ils sont tous confinés dans une bulle. Mais nous n'avons qu'une chose en tête, la victoire. Je sais qu'ils comptent tous sur moi, je sais qu'il seront certainement stressés en début de rencontre, le bâton serré, ne voulant faire aucune erreur et me permettre de trouver mes repères et ma confiance dès les premières minutes de la rencontre.

Je suis prêt et confiant, je sens l'adrénaline monter en moi à la vue de la rondelle flotter dans les airs, laissée à elle-même par la main de l‘arbitre. Elle s'apprête à toucher la glace toute fraîche de la première mise en jeu du match.

Voilà! C'est parti, le match est en cours! Mes défenseurs sont en repli, l'attaque adverse semble bien organisée et je me positionne afin de ne rien perdre de vue. J'essaie d'anticiper le jeu qui se dessine devant moi, mais une série d'erreurs s'enchaînent. J'attends le tir ennemi, mes yeux sont rivés sur la rondelle. Je sais qu'elle se dirige vers mes jambières, j'appuie mon bâton fermement sur la glace afin de ne laisser aucune ouverture et contracte mon corps, souhaitant que la rondelle me frappe.

Tout se passe au ralenti, j‘ai la certitude de bloquer le tir. Un dixième de seconde s‘écoule, la rondelle dévie sur un bâton et en un battement de paupières, elle s'est glissée au dessus de mon épaule pour toucher le fond du filet. C'est dans un vacarme infernal dans ma tête que j'entends l'équipe adverse célébrer. Puis, j'aperçois mes camarades retourner au banc tête basse, avec un sentiment de culpabilité, ou peut-être se disant intérieurement que la soirée sera longue...

Pourtant, j'y ai mis les efforts, j'ai suivi les consignes de mes entraîneurs et malgré cela, la fraction de seconde que je devrais prendre pour exécuter un arrêt par réflexe, se transforme en éternité. L‘éternité que prend ma tête à envoyer le signal à mes membres, car je me questionne constamment. Je doute, la nervosité a pris le contrôle et au lieu d'agir par instinct, je tente d'être parfait. Je réfléchis à chaque mouvement afin de bien exécuter chaque motion et j'y perds les dixièmes de secondes cruciaux pour bloquer un projectile qui arrive à plus de 150 km/h.

Je suis dans une spirale interminable où tout est contre moi. Il faut que je reprenne la pleine possession de mes moyens et je sais qu'on ne me donnera pas de temps ni d'excuses! On dira de moi qu'encore une fois, j'ai flanché sous la pression, je n'ai pas su me relever et démontrer ma force et mon talent unique!

Demain, je serai certes la cible de ces mots, qui font plus mal à entendre que toutes les rondelles que je reçois dans une saison. Je devrai répondre aux médias de ma contre-performance, en prenant soin de ne blâmer personne, sans avoir l'air du gars qui n'admet pas avoir été faible. Sachant que j'ai fait de mon mieux, et que j'ai tout donné encore une fois

Je vous laisse, je vais aller rejoindre ma petite famille, ma plus jeune est malade et n'a pas dormi la nuit dernière, moi non plus d'ailleurs » - Carey

À nous qui jugeons et condamnons, sans avoir pris le temps de réfléchir. Il n'y a que le gardien qui ne peut se permettre de réfléchir trop longtemps avant d'agir.

Or, prenons notre temps avant de juger...

Bon match à tous!