Incident Bertuzzi-Moore : Brad May révèle des faits qui font l'effet d'une bombe

Publié le 12 janvier 2020 à 1h11
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Le 8 mars 2004, Todd Bertuzzi des Canucks de Vancouver a posé un geste disgracieux envers Steve Moore de l’Avalanche du Colorado, geste qui a valu au premier une sanction exemplaire et une poursuite judiciaire au criminel et au civil, mais surtout, un geste qui a mis un terme à la carrière du second. Même si l’incident est survenu il y a plus de 15 ans, celui-ci a atteint la ligue en plein coeur alors que tous, y compris ceux qui n’avaient jamais vu un match de la LNH, ont arrêté ce qu’ils étaient en train de faire pour le regarder complètement horrifiés. Après toutes ces années, Brad May, un coéquipier de Bertuzzi à cette époque, vient cependant de décider de révéler certains faits affirmant que les partisans n’ont jamais eu l’opportunité de connaître la véritable histoire. Mais quelle est-elle?

Avant de vous révéler les propos de May, revenons en arrière un moment pour revisiter les circonstances qui ont menées à l’incident :

- 16 février 2004 : Steve Moore blesse Markus Naslund en le frappant à la tête au moment où le capitaine tente d’atteindre la rondelle devant lui. Naslund, qui était alors le meilleur marqueur de la ligue, subit une commotion cérébrale et une fracture mineure au coude qui le tiennent à l’écart du jeu durant trois rencontres. Dan Marouelli, l’arbitre, ne décerne aucune pénalité à Moore pour son geste le considérant légal, une décision partagée par la ligue après révision du geste une fois la rencontre terminée. Marc Crawford, l’entraîneur-chef, critique alors publiquement la décision de l’arbitre. Plusieurs joueurs de Canucks condamnent le geste de Moore dans les journaux. Parmi ceux-ci, il y a Brad May qui va même jusqu’à placer une « prime » sur la tête de Moore tandis que Bertuzzi dit de lui que c’est un « tas de m... ».

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- 3 mars 2004 : Premier match entre les deux équipes depuis l’incident Moore-Naslund. Craignant le pire, le commissionnaire Gary Bettman assiste à la rencontre. Match nul de 5-5 sans aucun incident, mais ce n’est que partie remise.

- 8 mars 2004 : Les Canucks sont plus actifs en poursuivant physiquement Moore. Une des quatre bagarres durant la première période implique Matt Cooke et Steve Moore alors que six minutes se sont écoulées. À la première intermission, l’Avalanche mène déjà 5-0. Colin Campbell, vice-président exécutif de la ligue, et Andy Van Hellemond, directeur des officiels, appellent les deux arbitres en fonction pour discuter d’une possible escalade de violence. Au milieu de la troisième période, Colorado a les devants 8-2. Bertuzzi commence alors à poursuivre Moore sur la patinoire essayant de l’inciter à se battre. Avant de poursuivre, revoyons l’incident :


Constatant que Moore refuse le combat et l’ignore, Bertuzzi attrape son chandail et lui donne un coup de poing par derrière directement sur la mâchoire avant de le projeter sur la glace le visage en premier alors que les deux joueurs s’écroulent. Plusieurs joueurs des deux équipes s’empilent ensuite sur Moore alors qu’une mêlée, impliquant tous les autres joueurs, éclate. Les partisans des Canucks acclament Bertuzzi convaincus que Moore n’a eu que ce qu’il mérite pour le geste posé à l’encontre de Naslund, mais le silence se fait, quelques minutes plus tard, lorsque les combats cessent, puisqu’il est évident que le joueur de l’Avalanche a été gravement blessé. Après être demeuré inconscient durant environ 10 minutes, Moore est transporté hors de la glace sur une civière. Il reste alors huit minutes à la rencontre. Pierre Lacroix, alors DG du Colorado, demande aux arbitres d’arrêter la rencontre ce qui lui est refusé. L’Avalanche l’emporte finalement 9-2.

Bilan de l’incident :

- Moore a trois fractures au niveau des vertèbres cervicales, une commotion cérébrale grade 3, des dommages aux ligaments vertébraux, une élongation des nerfs du plexus brachial, des lacérations au visage en plus de souffrir d’amnésie. Cet incident a malheureusement mis un terme à sa carrière.

- Bertuzzi se mérite une pénalité de match pour son geste en plus d’être suspendu indéfiniment en attendant la décision de Bettman. Deux jours plus tard, il présente ses excuses à plusieurs personnes dont Moore et sa famille. Le jour même, il est convoqué par le comité de discipline de la LNH et apprend qu’il est suspendu pour le reste de la saison régulière ainsi que pour les séries; il ne dispute pas les 13 derniers matchs au calendrier et les sept rencontres en éliminatoires. Les Canucks, quant à eux, se voient imposer une amende de 250 000$. Durant le lock-out de 2004-2005, Bertuzzi, contrairement à plusieurs joueurs de la LNH, ne peut pas jouer en Europe puisque la IIHF a décidé d’étendre sa suspension de la LNH à tout le territoire couvert par sa juridiction dès qu’elle a eu vent de son intention de venir jouer de l’autre côté de l’océan. Le 26 avril 2005, Bettman annonce que sa suspension prendra fin le 8 août 2005 considérant qu’il a payé un prix significatif pour son geste, mais surtout que les excuses et les remords de Bertuzzi sont sincères. Il ajoute aussi que l’une des raisons ayant motivé sa décision de le réintégrer est que sa suspension a occasionné de « l’incertitude, de l’anxiété, du stress et de la douleur émotionnelle à la famille Bertuzzi. » La suspension l’aura, au final, privé de 501 926.39$ en salaire ainsi que d’environ 350 000$ en commandites.

Suite de l’incident :

- Moore poursuit Bertuzzi pour assaut tant au criminel qu’au civil. Cette décision a été controversée à l’époque et l’est encore aujourd’hui. Le procès civil prend fin le 19 août 2014 après que les deux parties soient parvenues à une entente dont les détails sont confidentiels.La bombe :

Jusqu’à maintenant, il ne s’agissait que d’un geste disgracieux aux conséquences déplorables, mais, et c’est là que la situation devient explosive, si on en croit les propos tenus par Brad May, lors de l’entrevue récente qu’il a accordée à la station radiophonique Sportsnet 650, la victime de cet incident ne serait pas celle que l’on croit depuis plus d’une décennie. Durant cette entrevue, il a, en effet, révélé, qu’à son avis, ce que Moore a fait, suite à cet incident, équivaut à une fraude à l’assurance. Rien de moins!

Ce qui est particulièrement intéressant est le fait que May a laissé entendre qu’on lui avait défendu de parler de l’incident à ce moment-là, mais qu’il se sentait maintenant à l’aise de le faire puisque celui-ci a été réglé et qu’il considérait qu’un nombre d’années suffisantes s’étaient écoulées depuis qu’il s’était produit. « Un joueur a été blessé, évidemment Steve Moore, a-t-il déclaré. L’incident a suivi son cours légal et a été réglé au civil. Donc maintenant je peux en parler. »

Même si Moore a subi plusieurs blessures réelles avant cet incident qui a mis un terme à sa carrière, May l’a décrit comme un arnaqueur, un homme qui cherchait une façon de connaître une vie facile. « Je peux vous dire cela, Steve Moore va très bien, a-t-il affirmé. Deux semaines et demie après avoir été frappé, Steve Moore était dans une piscine, ne portait pas de collier cervical, et s’amusait fermement. Pourquoi est-ce que je sais cela? Parce que nous savions que cet incident irait plus haut devant les tribunaux. En passant, cela n’est pas différent d’une fraude à l’assurance, lorsque le blessé affirme être incapable de travailler pour sa compagnie, qu’il est pris en train de refaire la toiture de sa maison, qu’il fait des choses, et qu’il ne veut tout simplement pas retourner au travail. C’était le cas pour Steve Moore, et c’est ce que je crois. »

Fait encore plus intéressant, les propos de May, si on lit entre les lignes, permettent de croire qu’il y a encore beaucoup d’autres faits qui devraient être révélés concernant cet incident. Ce dernier s’est, en effet, plaint du climat actuel de rectitude politique qui fait en sorte que plusieurs doivent se mordre la langue et demeurer silencieux, une situation qui, à son avis, persiste au détriment des partisans.

« Mais Steve Moore va bien aujourd’hui, donc nous n’avons pas à nous inquiéter pour lui, a-t-il répété. Et je trouve dommage que personne ne peut être honnête et dire la vérité concernant ce qui s’est réellement passé et comment ceux-ci se sentent en raison de (la rectitude politique). Et je crois cela. Je crois que les partisans des Canucks de Vancouver méritent davantage parce que Todd Bertuzzi était tellement un bon joueur à cette époque », a-t-il conclu.

Ce sont là de graves propos, voire même accusations, cependant, si Brad May dit vrai, ne croyez-vous pas que la vérité mérite d’éclater au grand jour non seulement pour les partisans des Canucks, mais pour tous les partisans de la LNH et surtout pour Bertuzzi? Ce dernier croit, en effet, depuis plus de quinze ans, avoir posé un geste qui a mis fin à la carrière de Moore, un geste pour lequel il a payé un lourd tribut, un geste qui entache encore sa carrière. Cependant, si ce n’est pas le cas et que, en réalité, Moore a exagéré sa blessure et en a profité pour s’assurer une vie confortable, ne croyez-vous pas qu’il serait temps que cela soit révélé? Politiquement correct ou non, il faudrait que ceux qui détiennent des informations parlent enfin, mais, selon vous, est-ce que la LNH veut vraiment connaître le fin fond de l’histoire?

Crédit : Hockeyfeed.com
SONDAGE
12 Janvier   |   1434 réponses
Incident Bertuzzi-Moore : Brad May révèle des faits qui font l&8217;effet d&8217;une bombe

Suite aux révélations de Brad May, que devrait, selon vous, faire la LNH :

Enquêter pour découvrir la vérité?99969.7 %
Ne rien faire, car c’est du passé?43530.3 %
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